lettre de Philippe Machetel, Maire de Saint-Guilhem-le-Désert et ex vice-président du Modem de l’Hérault

Monsieur François Bayrou,

Vous avez réussi, au terme de deux mois d’un acharnement incroyable à ruiner les efforts de plusieurs dizaines de vos militants. Il n’y aura pas de liste MoDem en Languedoc-Roussillon pour les élections régionales de 2010. Cette nouvelle peut paraître insignifiante pour beaucoup. Le fait qu’elle le soit est effectivement votre (petite) victoire de ce soir et annonce, je crois, votre Bérézina électorale de demain.

Monsieur Bayrou, vous avez réussi le tour de force de laminer vos militants par votre égocentrisme et votre impudence. La préparation des élections n’est jamais une chose facile tant il peut sembler qu’à cette occasion les « ego » l’emportent sur la raison. Pourtant vous êtes venus en décembre nous imposer des primaires alors qu’aucune des solutions proposées en interne au MoDem ne semblait emporter votre accord. Rien que de très normal dans un parti comme le nôtre qui se revendique avant tout, et dans votre sillage, comme démocrate et humaniste. Le vote des militants n’a pas donné le résultat que vous n’aviez pas eu le courage de leur imposer lors de votre venue. Votre faiblesse, ce jour-là, s’en est redoublée d’une seconde après le résultat du vote : celle de ne pas savoir réfréner les ambitions hégémoniques sur ce que vous considérez comme « Votre Parti » : le MoDem.

C’est oublier un peu vite que vous n’êtes que Président de ce parti, que celui-ci regroupe depuis des années les idées, le travail et les contributions financières de ses militants. Que ceux-ci ont cru voir en vous non le « sauveur » que vous pensez être mais celui qui serait digne de les représenter pour présenter et porter leurs idées… Celles qu’ils croyaient peut-être naïvement partager avec vous.

Aujourd’hui vous êtes tombé bien bas. D’humiliations en insultes puis en menaces à peine voilées vous montrez le peu de respect que vous apportez aux individus. Auréolé de votre score aux élections présidentielles, score que vous nous assénez à tout propos, vous semblez oublier qu’une société est faite d’individus. Vous oubliez surtout qu’une société n’est pas réductible à la somme de ses individus. Ainsi, s’il est indispensable de les respecter individuellement, aussi faut-il, pour pouvoir diriger sans despotisme, être capable de comprendre et de respecter les groupes d’individus et leur organisation.

Depuis plusieurs semaines, vous nous montrez, de jour en jour, combien ces notions vous sont étrangères ou, et c’est peut-être pire, combien vous êtes capable de les malmener pour parvenir à vos fins.

Vous nous montrez là vos limites. Je ne sais ce qu’en penseront les Français mais il vous sera difficile de me convaincre que si vous ne savez pas respecter les gens qui vous soutiennent vous serez capable de conduire un pays dans la tolérance, le respect et l’impartialité qui conviennent à un dirigeant. Cet échec du MoDem en Languedoc-Roussillon est le vôtre, Monsieur le Président.

Je souhaite apporter ce soir mon témoignage d’amitié et de respect à celui qui a su, à plusieurs reprises, proposer de s’effacer devant l’intérêt du parti et de sa cause : Marc Dufour. Monsieur Bayrou, vous êtes bien le seul responsable de ce fiasco mais, comme vous nous l’avez annoncé, vous vous en moquez. Vous êtes convaincus que vos militants ne vous apportent rien.

La fuite de ceux qui vous sont proches devrait vous inquiéter. Elle ne fait que renforcer votre isolement et aggrave votre autisme. La France n’a pas besoin d’un sauveur. Elle n’a pas besoin d’un envoyé de je ne sais quel « dieu » qui viendrait la sauver… Elle a besoin d’un homme ouvert juste et droit, attentif aux autres, conscient de ses forces mais aussi de ses faiblesses et qui ne craindra pas, pour pallier ces dernières, de s’en remettre à ceux qui ne demandent sincèrement qu’à l’aider.

Vous avez aujourd’hui le comportement d’un être qui, effaré par sa propre impuissance à imposer ses caprices, ne songe plus qu’à casser un jouet qui ne lui plait plus. C’est consternant, c’est effarant de la part de quelqu’un qui voudrait assumer les responsabilités que vous visez. Cette prétention à tout vouloir diriger, tout vouloir régenter quitte à tout détruire à la première contrariété fait peu de cas de siècles d’histoire et de conquêtes de libertés souvent obtenues au prix du sang à l’intérieur comme à l’extérieur de nos frontières.

L’élection présidentielle ne semble pour vous qu’une affaire d’ « égo ». Le projet démocrate n’existe que dans vos paroles mais pas dans vos actes. En est-il de même pour tous les autres aspects patiemment réfléchis par des milliers de militants que vous galvaudez aujourd’hui.

Si cet état de fait n’existait que dans notre région, nous pourrions encore nous dire que nous en sommes responsables. Mais il ne s’agit plus d’une simple dérive : c’est un naufrage dont le caractère inéluctable est encore partiellement masqué par l’écho orchestral d’une cour parisienne qui, du moins je le crois, ne peut pas ignorer qu’elle va disparaître avec vous.

Je ne suis que le maire d’un petit village, un citoyen qui admire le projet humaniste du MoDem mais qui ne vous trouve plus digne de le porter et qui ne vous crois plus capable de pouvoir exercer un jour la lourde tâche de Président de la République Française.

Monsieur le Président, je vous renvoie, dans cette lettre, ma carte d’adhérent au MoDem. Je ne conçois plus d’en faire partie tant que vous en serez le Président. Je reprendrai cette carte pour défendre les idées du MoDem une fois que vous aurez été remplacé à sa tête.

Philippe Machetel
Maire de Saint-Guilhem-le-Désert
Ex vice-président du Modem de l’Hérault – chargé de l’environnementRéexp : Lettre Ouverte à François Bayrou

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :